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26 juin : journée de tristesse

Entre un 26 juin 1848 et un 26 juin 2019 :

TOUT  RESTE À FAIRE !

Il y a seulement quelques semaines encore des milliers de citoyens battaient le pavé de nombreuses villes du pays pour s'opposer aux mesures coercitives du gouvernement touchant notamment leur niveau de vie. Cette réaction dite des "gilets jaunes" traduit l'importance du mécontentement populaire contre des politiques qui servent les intérêts du système en place.

Fév.1848 R.Viollet.jpgCe mécontentement, aussi fort qu'il fut, représente tout de même peu de choses face à cette terrible journée parisienne du 26 juin 1848. Dès 10 heures du matin, l'armée se mit à investir le dernier îlot de résistance du Faubourg Saint-Antoine. Ce 26 juin, qui conclut la révolution du 23 février*, sombra dans une effroyable et impitoyable répression. Des milliers d'insurgés furent abattus (5700) et 11.000 autres en attente de jugement, seront affreusement entassés dans les prisons... Une fois de plus c'est un militaire, le général Cavaignac, qui s'emparait du pouvoir, chargé par la bourgeoisie pour démanteler les acquis de cette brève révolution.

Avec le recul dont nous disposons aujourd'hui, tout prouve - s'il en est besoin – que l'utopie se retrouve souvent avec cette vaine croyance en la politique et leurs politiciens, comme si cela pouvait changer fondamentalement la société. Dans ses Carnets Proudhon (élu député les 4-5 juin) ne se faisait aucune illusion sur le sujet : "Ce qui est vrai hier, est vrai aujourd'hui : la réforme politique n'est pas le moyen de la réforme sociale". Une autre grande personnalité, Alexis de Tocqueville, son contemporain et un adversaire déclaré des révoltés de 1848, écrivait alors : "Il y a eu des révolutionnaires plus méchants que ceux de 1848, mais je ne pense pas qu'il y en ait eu de plus sots ; ils ne surent ni se servir du suffrage universel, ni s'en passer. S'ils avaient hardiment saisi la dictature, ils auraient pu la tenir quelques temps dans leurs mains. Mais ils s'imaginèrent niaisement qu'il suffisait d'appeler la foule à la vie politique pour l'attacher à leur cause et que, pour faire aimer la République, c'était assez de donner des droits sans procurer des profits". La messe était dite. Malheureusement et à chaque fois, on assiste à sa répétition et, le piège politique se referme toujours sur un peuple-enfant.

En ce jour du très macabre anniversaire d'une sanglante défaite populaire : gémissons, gémissons, gémissons ...mais espérons ! Les quelques succès - très relatifs d'ailleurs - de journées de protestation qui égrenèrent l'histoire de notre peuple ne peuvent nous faire oublier qu'il manque encore et encore ce souffle géant d'un grand soir rédempteur !
 

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Drapeau.jpg
* Il est intéressant de constater que, selon l'historien Maurice Dommanget, le drapeau rouge fit sa première apparition le 22 février 1848 (ou le 23 selon les narrateurs) sur les barricades parisiennes. Ce qui fit dire à Proudhon : "Pauvre drapeau rouge ! Tout le monde t'abandonne ! Eh bien ! Moi, je t'embrasse ; je te serre contre ma poitrine." Mais déjà, le soir du 24 février, Lamartine relatait un fait étrange : l'existence à côté des drapeaux rouges de drapeaux noirs qui "flottent en lambeaux aux bouts des baïonnettes"...

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